Sur France 2, la rentrée 2012 a coincidé avec l'achat de Julien Courbet, détourné de TF1. Le but : combler une tranche horaire occupée sur les autres chaînes par des téléréalités (TF1, M6) et des jeux (France 3)
C'est à ce moment qu'a donc été créée cette fameuse émission "Seriez-vous un bon expert?"
De rumeur médias, il semble que le score d'audience ne soit pas vraiment des plus prometteurs....
Le principe : Une palette de candidats répondent à des questions de culture générale, de difficulté pseudo-croissante.
En face d'eux, des "experts" qui donnent à la fin de chaque question une explication qui va au-delà de la réponse.
Quelques remarques :
1. Qui sont ces experts? De grands écrivains, scientifiques, hommes politiques? NON! Ce sont des personnalités peu médiatiques qui, certes représentent le PAF dans leur domaine (sciences, histoire, société...), mais ce sont surtout de bons parleurs qui passent bien à l'antenne. Pour parler sciences, on a souvent à faire à Laurent Broomhead... Mais oui, souvenez-vous l'ancien compère de Patrice Laffont et Marie-Ange Nardy dans Pyramide, ou encore l'ancien chroniqueur scientifique d'Antenne 2. L'idée est donc alléchante pour amener de la "culture" de manière conviviale dans le salon familial. Mais, on sent que les explications des réponses sont tellement calibrées que n'importe qui eut pu répondre à la place de ces experts.
Observons donc ceci. La diffusion culturelle passe par des témoins que l'on crée comme représentatifs d'un domaine, sans qu'ils n'existent forcément dans leur champ de compétence. La volonté est bien d'avoir un porteur de culture plutôt que de quelqu'un porté par la culture qu'il diffuse.
2. De quelle culture parle-t-on? Le niveau n'est pas celui d'un "Question pour un Champion", ni des dernières questions de "Qui veut gagner des millions"... Bien loin de là. Les questions sont clairement orientées de façon à ce que le candidat ou le téléspectateur se sente concerné par elles. Et de quelle manière? Parce que beaucoup de questions ont figuré à la télévision à moyen et court terme. On ne les accusera pas de faire cela à eux seuls, d'autres émissions de jeux le font également, mais la chose est suffisamment grosse pour qu'on y prête attention.
Deux rôles mediatiques de cette émission sont donc à retenir.
- Une vulgarisation scientifique par le biais de témoins culturels télévisuellement valides et l'appel à des éléments culturels sollicités à court terme dans le champ médiatique.
- Le second rôle est à voir dans son heure de diffusion. Elle se situe juste avant le télécrochet "On ne demande qu'à en rire", en même temps que "Slam" sur France 3 et la téléréalité "Bienvenue chez nous" sur TF1. Elle vient donc compléter l'offre publique qui propose de la téléréalité et du jeu plus traditionnel se rapprochant des mots croisés des générations plus âgées. Elle convient donc exactement à une tranche d'âge ni trop jeune, ni trop vieille. Une observation parallèle des programmes TV permet effectivement de comprendre qu'en fin d'après-midi, les genres d'émissions se compètent d'une chaîne à l'autre... on notera la domination de M6 en matière de TV culinaire critiquante...
Ceci renvoie à deux autres idées : Le ciblage publicitaire selon les tranches horaires (cf. article) et bien sûr la recherche d'innovation dans des tranches horaire qui ne peuvent être autrement vu le public qui regarde la TV à ce moment précis.
Exercice difficile...