Un type de programme télévisuel étonnant

27/02/2013 20:28

"Au nom de la vérité" sur TF1, "Si près de chez vous" sur France 3 ou encore "Le jour où tout a basculé" sur France 2... Est-ce que cela vous dit quelque chose? Êtes-vous déjà tombé sur ce type d'émission?

Le format est relativement simple. Une histoire qui se veut inspirée ou similaire à des faits réels est mis en images non comme une fiction simple, mais comme une juxtaposition de scènes jouées qui relatent l'histoire et de moments de prises de parole privilégiés face caméra par les protagonistes. Le tout en 20-30 minutes.

Si bien que l'on a le sentiment de suivre pas à pas l'histoire, avec, en prime, les réactions sur le moment de ceux qui l'a vivent.

Il en résulte une construction médiatique très intéressante que l'on pourrait assimiler à un docu-fiction orné de moments de téléréalité (sorte d'"isoloir" de la Star Ac').

 

Ce que j'en retiens :

Merci à ces boîtes de production de créer des opportunités de travail pour tous ces comédiens de seconde ou tierce zone en France. C'est une façon d'utiliser les forces vives... Mais à quel prix? La performance artistique n'est pas des plus évoluée - pour la plupart, ces moments sont peu scénarisés, donc improvisés (excelle qui peut dans ce domaine) - et l'exercice n'est apparemment pas bien vécu par les comédien(ne)s qui s'y accrochent. En effet, après visite de quelques sites web de ces acteurs, ces apparitions télévisuelles n'y figurent pas souvent! Compréhensible cela dit.

Je retiens également que la temporalité est tout simplement mis à mal par la présence de ces capsules intermédiaires où les protagonistes se livrent à la caméra. C'est comme si, à la sortie d'une scène, on mettait "pause", ils venaient s'asseoir nous livrer leur version et on repasse en mode "play" pour continuer l'histoire. La chose est en en fait clairement héritée de la téléréalité qui cherche à favoriser cette livraison de témoignage exclusif.

Le témoignage public est somme toute très actuel. Il est hérité d'une sorte de migration du journal intime, pour le rendre public. Il est également issu des romans lus par les ménagères décrits par Janice Radway (cf. Reading the Romance) qui montre clairement que l'émancipation et la projection de soi passaient par la lecture de ces romans. Ce qu'il faut clairement observer dans ces interludes de témoignage, c'est l'idée que la confession intime permet au téléspectateur de comprendre l'état d'esprit du protagoniste (possibilité de comprendre ce qu'il ressent), et a fortiori également de se projeter dans le protagoniste pour mieux vivre à travers lui son aventure. (Héritage de la théorie de la "Massalité" de Jean Lohisse) Et en ce sens, on voit une sorte d'évolution du modèle télévisuel qui passe justement de l'hyperintimité publicisée scénarisée (à la manière du Loft, de Koh Lanta ou de The Voice où l'on demande des épreuves aux protagonistes) à une hyperintimité publicisée (certes), mais qui touche non plus des héros, des stars, des "survivors", mais bien des gens comme tout le monde qui vivent un fait divers.

C'est une suite logique de ce que l'on a pu observer depuis 3 ans dans les publicités. Fini l'homme hyper beau qui répart votre radiateur, fini la jeune femme superbement formée qui vous vente les mérites d'un fournisseur d'accès à Internet, Bonjour le réparateur de pare-prise grassouillet au volant de sa camionette!

Et ce besoin de passer du rêve à un encrage bien réaliste est l'élément à retenir dans cette réflexion.

A voir donc dans le futur si les jeux video s'en inspireront...

A voir si un jour les héros de cinéma seront comme nous? Un James Bond bedonnant ou acnéique?

 

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